Le Premier ministre israélien de transition Ehud Olmert se rend dimanche à Washington afin d’arracher au président sortant George W. Bush d’ultimes engagements sur le dossier du nucléaire iranien. M. Olmert, cité par un responsable israélien sous le couvert de l’anonymat, entend exploiter au maximum la présence à la Maison-Blanche de celui qui partage ouvertement ses vues sur la menace nucléaire iranienne. Le président élu Barack Obama avait, durant sa campagne électorale, suscité l’inquiétude d’Israël en préconisant le dialogue avec Téhéran. Il doit prendre ses fonctions le 20 janvier.
« Pour Olmert, il s’agit d’une visite d’adieu à un ami proche et à un allié. Il veut concrétiser des promesses faites à Israël par l’administration Bush » sur l’Iran, a indiqué à l’AFP ce responsable. Les deux dirigeants sur le départ doivent aborder « toute une série de dossiers bilatéraux, le processus de paix, et des questions liées à la stabilité régionale », a de son côté déclaré Mark Regev, porte-parole du Premier ministre, en émettant l’espoir de discussions « substantielles ».
Olmert, qui achèvera mardi soir sa visite, compte notamment, toujours selon ce responsable, presser M. Bush et le Congrès d’autoriser la vente à l’armée de l’air israélienne d’escadrilles d’avions de combat F-35, qui augmenteraient considérablement son rayon d’action. Le Pentagone a annoncé en septembre qu’Israël avait présenté une demande pour l’acquisition de 75 de ces appareils, mais le Congrès doit encore donner son feu vert à ce contrat de 15 milliards de dollars.
Washington a déjà beaucoup resserré l’an dernier ses liens en matière de Défense avec Israël en s’engageant à lui octroyer une aide de 30 milliards de dollars étalée sur 10 ans pour des achats d’armes américaines. L’armée américaine a par ailleurs installé en territoire israélien un puissant radar antimissile destiné à renforcer la défense régionale contre d’éventuels tirs de missiles balistiques. Ces préparatifs surviennent alors que les dirigeants iraniens suscitent des craintes croissantes tant aux États-Unis que sur la scène internationale en appelant régulièrement à la destruction d’Israël.
Selon le quotidien britannique Times, citant des sources du « renseignement », la perspective d’une action militaire israélienne préventive contre des installations nucléaires iraniennes « s’est précisée de façon plus significative ces dernières semaines ». « Une telle opération, écrit le journal, nécessite au moins une coopération tacite des États-Unis car elle implique la traversée par les avions israéliens de l’espace aérien irakien sous contrôle américain. »
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Selon d’après le Nouvel Observateur :
Un document officiel de l’Etat hébreu envisage une option militaire contre l’Iran afin de l’empêcher d’accéder à l’arme nucléaire. Selon ce document, Israël s’inquiète d’un possible rapprochement entre Washington et Téhéran, et craint une montée du Hamas.
Le journal israélien Haaretz a diffusé, dimanche 23 novembre, un document officiel envisageant une attaque contre l’Iran pour l’empêcher d’accéder à l’arme nucléaire. Le rapport préconise également d’empêcher des élections palestiniennes pour contrer l’ascension du Hamas.
Rapprochement de Washington avec Téhéran
Selon le journal, ce document d’un organe de sécurité israélien met en garde contre le risque qu’Israël puisse se retrouver virtuellement seul en 2009 face à l’Iran nucléaire à la suite d’un rapprochement de la prochaine administration à Washington avec Téhéran et le monde arabe qui mettrait en question sa suprématie militaire.
Le document, qui doit être présenté en décembre dans le cadre du rapport annuel du Conseil national de sécurité, recommande de coopérer étroitement avec les Etats-Unis pour empêcher un éventuel accord entre Washington et Téhéran qui nuirait aux intérêts d’Israël.
"Fenêtre" limitée
"Israël est pratiquement seul face à la menace stratégique de l’Iran et à celles des missiles balistiques et des roquettes des divers pays de la région", écrit ce document.
Il assure qu’Israël doit préparer une option militaire car il ne dispose que d’une "fenêtre" limitée pour agir avant que l’Iran obtienne l’arme atomique, si les autres pays renoncent à l’en empêcher.
Montée du Hamas
Le document met par ailleurs en garde contre l’éventuelle "disparition" politique du président palestinien Mahmoud Abbas, dont le mandat doit normalement s’achever le 9 janvier prochain.
Le texte avertit contre une éventuelle désintégration de l’Autorité palestinienne et d’une montée en puissance du mouvement islamiste Hamas. Il préconise "d’empêcher des élections au sein de l’Autorité palestinienne, même au prix d’une confrontation avec Washington et la communauté internationale".
Accord avec la Syrie
Enfin, le document estime par ailleurs qu’Israël devrait, avec le soutien des Etats-Unis, "progresser en vue d’un accord avec la Syrie, même si cela suppose un prix élevé à payer", en référence au plateau du Golan occupé depuis 1967 dont Damas réclame la restitution.
Selon les estimations, un tel accord avec la Syrie pourrait conduire à un accord avec le Liban, susceptible d’affaiblir l’alliance de Damas avec le Hezbollah chiite libanais et le Hamas.
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